Interview de David DELPORTE, journaliste dans la Voix du Nord.
Sportivement comme financièrement, l’avenir proche du Racing-club de Lens est plutôt inquiétant. Comment gérer une situation si complexe ? Quelques éléments de réponse avec Anaëlle Malherbe, psychologue clinicienne à l’Institut national du sport, de l’expertise et de la performance (l’INSEP).
« Il faut prendre en compte l’ensemble des éléments qui peuvent impacter le sportif et ne pas chercher à mettre certains aspects de côté. Des accompagnements peuvent être apportés pour aider à mieux gérer sa concentration, ses émotions, sa motivation… Les accompagnements psychologiques d’aide à la performance ainsi que la préparation mentale peuvent être proposés. Le mieux est de tenir compte des spécificités des uns et des autres et ce type d’accompagnement peut s’appliquer aussi à un groupe. On peut travailler avec l’entraîneur pour l’aider à prendre des décisions en situation difficile. »
« Fixer des objectifs au collectif, mais aussi individuellement, que ce soit sur l’aspect physique, tactique, technique ou mental. Gérer l’anxiété passe également par le fait de se focaliser davantage sur l’instant présent, sur le process plutôt que sur le résultat car le résultat n’est pas maîtrisable au préalable alors que le schéma tactique, la mise en place le sont. Dans certains contextes il peut être judicieux de ne pas évoquer des questions comme les finances et l’avenir du club sur lesquels les joueurs ne peuvent pas agir. Certains entraîneurs prennent aussi la responsabilité des échecs sur eux pour protéger les joueurs, pour que les critiques soient centralisées sur eux. »
« Oui, c’est important pour maintenir le lien de confiance. Le staff doit être à l’écoute des attentes, des besoins, des interrogations de chaque sportif de haut niveau pour pouvoir mettre en place des actions adaptées. Dans les périodes difficiles, la communication est très importante. »
« Ça peut être protecteur, afin d’éviter de se confronter frontalement à ce type de difficultés. Certains sportifs préfèrent éviter le contact avec la presse, surtout en début de carrière. »
« Cela peut être un discours en lien avec la logique décidée par le club. Là encore, c’est une forme de protection, d’autant que les médias comme le grand public n’ont pas accès à l’ensemble des données. Certains sportifs savent spontanément écarter les informations anxiogènes mais on ne peut pas les empêcher d’avoir accès à la presse ou d’avoir des retours par les proches. Il est donc difficile d’en faire totalement abstraction. »
Retrouvez l’interview sur le site de la voix du nord